Saussey M., Moity-Maïzi P, Muchnik J., 2008.
« Nouvelles formes de reconnaissance des femmes burkinabè dans la production collective de beurre de karité »
dans : Cahiers Agricultures, vol. 17, n° 6, p. 582-586.

Résumé :

La production du beurre de karité est une ressource stratégique dans les objectifs de développement du Burkina Faso. L’arbre à karité (Vitellaria paradoxa C.F. Gaertn.) est la base d’une activité gérée par les femmes, détentrices de savoir-faire spécifiques, qui utilisent le beurre pour la consommation et la vente locale.

Convoité sur les marchés occidentaux des produits cosmétiques « naturels », le beurre de karité constitue un produit à haute valeur ajoutée dont la fabrication et la commercialisation sont aujourd’hui soutenues par les bailleurs de fonds. Les groupements féminins, condition sine qua non pour obtenir une aide financière, doivent professionnaliser les productrices dans le domaine technique et réglementaire et leur permettre d’accéder aux marchés internationaux perçus comme une voie nécessaire pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

Cet article montre que si ces collectifs sont promus pour répondre à des impératifs marchands et monétaires, les logiques qui s’y déploient sont aussi liées à des normes sociales d’échanges et de reconnaissance qui freinent l’ambition politique d’une amélioration de leur condition par une meilleure insertion aux marchés.

Saussey M., 2011.
« Initiatives féminines et économie sociale et solidaire dans la production du beurre de karité au Burkina Faso », dans : Guérin I., Hersent M., Fraisse L. (dir.). Femmes, économie et développement. De la résistance à la justice sociale, Paris : Erès/IRD, p. 107-128

Résumé :

Depuis le début des années 1990 au Burkina Faso, différents facteurs économiques, politiques et climatiques se sont combinés entraînant une accélération de la paupérisation des populations locales et une aggravation des inégalités structurelles entre hommes et femmes. Pour faire face à cette situation de crise, les femmes burkinabè s’adaptent en donnant un contenu nouveau à leurs actions collectives. Ainsi, le nombre d’organisations féminines locales a considérablement augmenté ces dernières années au Burkina Faso et ce de manière concomitante avec celui des organismes de développement intervenant dans le pays (organisations non gouvernementales, agences bilatérales et multilatérales d’aide au développement). Ces derniers, tout en centrant prioritairement leurs actions sur la promotion d’activités génératrices de revenus pour lutter contre la pauvreté, encouragent les femmes, socialement et économiquement défavorisées, à formaliser leurs actions collectives pour leur permettre de bénéficier de la forte valeur ajoutée du beurre de karité sur les marchés internationaux.

Ce chapitre montre que les productrices organisées en groupements de production, se heurtent à de nombreuses contraintes liées à la matière première, aux équipements, à leur mobilité, à leur disponibilité et surtout à une concurrence de plus en plus grande avec des acteurs que les projets n’ont pas pris en compte : les hommes commerçants. Dans le contexte de valorisation marchande du beurre de karité vers l’international, les femmes n’arrivent pas toujours à mobiliser leurs réseaux de solidarité pour s’approvisionner en amandes par exemple, de même qu’elles se trouvent confrontées au renforcement et à l’émergence de nouvelles formes de hiérarchie et de rapport de domination qui limitent aussi leurs marges de manœuvre.

Since the end of the 1980’s, the production of shea butter has become a strategic resource used to address the challenge of sustainable development in Burkina Faso. The shea tree is at the base of an activity managed by women, as inheritors of a traditional know-how. Under the guidance of international and national development policies, the women are encouraged to create associations, and receive training in new processes and product quality, in order to compete on the international market. These associations support the emergence of women leaders known as ‘‘courtiers’’ of development, often at the expense of other members. The collective action creates bonds of solidarity, but also new inequalities. Women associations are dependent on development projects, and face the increasingly strong competition of new male actors, merchants, who control important financial resources.